Filmez ce que vous voyez au travers d’une fenêtre de chez vous, et racontez un souvenir important.

« Vu par », un partage de regards

 

Pascal Delé n’aime pas les étiquettes. Quand on lui demande de se présenter, il consent tout juste à dire qu’il est professionnel de la culture, mais ajoute qu’il n’est à l’aise avec aucun de ces deux mots. Il déteste être pris en photo. Il est absent des réseaux sociaux, et du web en général. A dire vrai, s’il n’avait pas proposé un film, il y a une quinzaine d’années, au tout premier Pocket Films (festival de films réalisés avec téléphone portable), on pourrait presque douter de son existence.

 

La playlist de Pascal Delé, professionnel de la culture

OK, c’est un peu triché de commencer par ça cette petite liste de films préférés : je connais Benoît Labourdette, et ça ne m’étonne pas qu’il nous ait invités à regarder par la fenêtre. C’est un type plein d’idées, tout le temps positif, dans le partage et la relation. Alors, découvrir qu’il a été un enfant triste et solitaire, ça fiche un coup. « Non, Ben, t’es pas tout seul », aurait chanté Brel.
N’empêche, avec ce petit film en forme de confession intime, Benoît démontre d’emblée la validité de son projet. On croit regarder dehors, mais voilà : ça rebondit sur les carreaux, et c’est en-dedans qu’on voit le plus clair.

Il y une chose que je trouve très joyeuse dans ces petits films. On ne s’écrit plus beaucoup – je veux dire, plus vraiment en choisissant ses mots, en les traçant soigneusement, comme on faisait quand on écrivait à la main. Le mail, c’est pas pareil, quoiqu’on fasse il y a un truc intime qui se perd un peu. Là, le fait qu’il y ait à la fois des images, choisies, cadrées, et de la voix, j’ai l’impression qu’on retrouve un peu de la richesse de la lettre, de la correspondance.
C’est frappant dans le film-lettre d’une mère à son fils parti voler de ses propres ailes Le petit jardin. Prise par sa tendre nostalgie, Valérie Ganne ne semble pas remarquer la personne assise en bas, au pied du bouleau (ou du saule ?). Preuve, une fois de plus, qu’on ne voit que ce qu’on veut bien voir.

Un conseil : allez voir les films réalisés par les élèves de la classe du lycée Rotrou de Dreux. Il y a là-dedans des petits bijoux d’ingéniosité, de fraîcheur et d’émotion. Certains, bien sûr, sont moins réussis. Sans importance : ils forment un tout qui fait du bien. Bon sang, avec une jeunesse pareille, on peut encore espérer dans l’avenir.
Antonin, il en a encaissé, déjà, à son âge. Et voilà, de son malheur il a su faire un petit moment de partage. Merci, Antonin.

J’ai regardé les conseils de Jean-Yves de Lépinay, et du coup j’ai vu ses films. Allez savoir pourquoi, je me sens plutôt en phase avec ce mec là.
On a au moins un film en commun : La coupelle. Ce voilage accroché à la poignée, cette voix qui révèle des éclats d’émotion fragiles comme ceux d’une porcelaine brisée, ce sont des métaphores du voile que Claire-E lève sur l’amour pour son père, et sur la souffrance de sa maladie. Juste, simple et bouleversant.

Pascal Delé, 26 avril 2020.

Le petit jardin

Une épopée humaine, dans un petit coin de quartier parisien.

Musique de Jules et Victor Bertin.

un film de Valérie Ganne | Paris | le 31 mars 2020