Filmez ce que vous voyez au travers d’une fenêtre de chez vous, et racontez un souvenir important.

Carrefour de la démocratie

A ce carrefour entre la rue Jeanne d’Arc et le boulevard de l’hôpital à Paris, sur lequel donnent les fenêtres de mon lieu de vie et de travail, depuis six ans j’ai assisté à de nombreuses manifestations populaires, pour défendre la démocratie, les droits des citoyens de ce pays qu’est la France, de ce monde qu’est notre planète.

Cela a pu être bruyant, joyeux, pacifique, parfois violent, musical, étonnant, irritant ou motivant ! Les humains mobilisés, qui nous dérangent car ils font avancer le monde. Je me suis senti au coeur du tourbillon démocratique, qui n’est pas calme, mais qui est vivant ! Vivant car libre ! Libre d’exprimer sa pensée, pour faire avancer les consciences et les choix politiques.

Et depuis 9 mois, c’est terminé. La rue est calme, sans débat. La nature semblait avoir repris ses droits, au printemps 2020, et puis maintenant, presque un an plus tard, c’est comme s’il était presque interdit d’oser penser différemment de ce qu’on nous dit de penser, sous peine d’être complètement disqualifié en tant qu’humain. Je me tourne, je me retourne. C’est comme si personne n’osait plus dire ce qu’il avait au fond de lui.

Il y a des années, des amis chinois me racontaient qu’en Chine, on ne disait jamais ce qu’on pensait, car il était dangereux de le faire, que tout le monde s’autocensurait, que c’était la règle de la vie là-bas. Je le ressens ici et maintenant.

Là où il y a moins d’un an encore, les cris joyeux osaient résonner, aujourd’hui c’est le silence. Je n’ai pas envie de l’accepter.

par Benoît Labourdette | le 21 janvier 2021